Le Centre Hospitalier La Valette, établissement public de santé à Saint-Vaury (Creuse), est spécialisé en psychiatrie. Il accueille depuis près d’un an dans son site de 24 hectares, le premier jardin thérapeutique consacré à l’accompagnement du sevrage des patients en addictologie. L’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine a sollicité cet établissement pour être site pilote dans la création d’un jardin thérapeutique en milieu hospitalier. Un jardin comme remède ?
Troubles alcooliques, addictions aux médicaments, aux drogues, aux jeux vidéo ou aux jeux d’argent : les patients peuvent « se mettre au vert » par groupes de 6 à 8 personnes, une fois par semaine. Ici, on bêche, on sème, on cultive, on met les mains dans la terre, on récolte, on arrose au gré des saisons. « Le jardin stimule leur intérêt et leur mémoire, il les réconcilie avec la vie, le plaisir et le partage. Proposer un atelier hors les murs, en dehors du service était un atout indéniable. De plus, un jardin avait tout son sens dans notre région. Les familles et nos patients sont pour la plupart issus de milieux ruraux, où ce lien avec la nature est présent. C’est une valeur forte qu’ils ont connue dans leur enfance, d’où l’intérêt de réveiller des souvenirs sensoriels, » explique Pierre Delprat, cadre de santé en charge de la filière addictologie au Centre Hospitalier La Valette.
« C’est un outil d’accompagnement de bien-être »
Avec l’aide de Terramie, entreprise spécialisée dans la création de jardins thérapeutiques et de l’équipe soignante intégrée au projet sur l’aspect pédagogique, trois grands axes autour de ce jardin d’environ 500 m² ont été définis : un espace dédié aux activités thérapeutiques, un lieu propice à la communication et une zone de promenade. Pour l’équipe pluridisciplinaire, l’intérêt d’un jardin thérapeutique était multiple : l’accompagnement du patient, le bien-être des soignants et des familles. Le choix des plantes a été réfléchi, pour répondre aux attentes et contraintes du projet.
Après un an, les premiers constats sont positifs : « Nos patients souffrent d’altérations mnésiques, de perte de repères. Travailler la terre, c’est aussi trouver une place dans une équipe. Le jardin permet de travailler sur ces notions et surtout sur la revalorisation de soi : ils sont capables de faire quelque chose dont on voit les résultats. On est dans une temporalité, on récolte ce que l’on a semé. On leur montre qu’il existe autre chose que leur addiction en substituant la dépendance subie. Le jardin est un outil d’accompagnement de bien-être qui va permettre aux patients de se détacher du quotidien hospitalier mais aussi de retrouver un lien social que beaucoup ont perdu dans leur vie quotidienne », analyse Christophe Planchon, conseiller Terramie.
En dehors de ces cessions de jardinage, le jardin permet également aux équipes soignantes de renforcer les liens soignants/soignés. La relation est modifiée, c’est un espace où la parole se délie plus facilement. Dans ce cadre propice à l’apaisement, les bienfaits concernent aussi les familles : le jardin est un lieu de quiétude où la relation est simplifiée car c’est un lieu non médicalisé. Reste à construire la prochaine étape : le parcours de santé au sein de l’hôpital qui intègrera le jardin thérapeutique.