Apparues il y a dix ans, les Zones de Rejet Végétalisées sont des espaces naturels aménagés dont la faune et la flore sont censées absorber la pollution et améliorer la qualité de l’eau en sortie de station d’épuration. Face à l’engouement pour ce type de dispositif, des bassins plantés de roseaux ont été créés à Bègles en Gironde en avril 2016 à côté de la station Clos de Hilde. Il s’agit d’un site expérimental unique en France qui doit permettre d’évaluer l’efficacité de ce dispositif écologique. Explications avec Jean-Marc Choubert, chercheur, en charge de ce projet à l’IRSTEA.
Quels sont les polluants concernés et l’impact des rejets sur le milieu naturel ?
Pesticides, détergents, cosmétiques, antibiotiques, hormones, ces nombreux micropolluants issus des activités humaines sont déversés dans les réseaux d’assainissement et ne peuvent être traités en totalité dans les stations d’épuration. Même à des concentrations très faibles, certains polluants auraient des effets sur la qualité des milieux aquatiques, perturbant l’écosystème aquatique, mais également sur la santé humaine, avec notamment à long terme des risques de contamination des réserves d’eau potable ou des nappes phréatiques.
Que sait-on aujourd’hui de l’efficacité d’une ZRV ?
Les Zones de Rejet Végétalisées (ZRV) sont des espaces aménagés entre la station d’épuration et le milieu récepteur afin de contribuer à la réduction de l’impact des rejets des stations de traitement des eaux usées sur le milieu naturel. On compte aujourd’hui environ 500 stations d’épuration sur le territoire français. Chaque industriel prône des spécificités mais nous n’avons pour l’instant que peu de connaissances scientifiques sur l’efficacité de ces ZRV. Les zones d’ombre restent très nombreuses.
Quel est l’enjeu de ce projet de recherche ?
Le projet Biotrytis est piloté par Jean-Marc Choubert, chercheur à l’Institut National de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture – IRSTEA. Il a pour objectif d’évaluer les performances d’élimination de ces matières polluantes, de hiérarchiser les mécanismes qui influencent le comportement des polluants et de définir l’impact de l’eau sur le milieu. L’originalité du projet tient dans l’étude de la qualité des eaux rejetées en surface mais également celle de l’eau infiltrée à 1 mètre de profondeur. Les roseaux jouent un rôle mécanique dont les racines abritent des micro-organismes qui peuvent participer à la dégradation de certains polluants. Cette étude va durer trois ans, ce qui va aussi nous permettre d’obtenir des informations sur l’évolution de l’état des plantes, du sol et de la qualité de l’eau en sortie. Un premier bilan à mi-parcours doit être publié en 2017.