Comment favoriser une approche positive autour de la question de l’éducation à la santé environnement ? Pour réfléchir à ces questions, GRAINE Aquitaine et l’IREPS ont invité pour leur quatrième Matinée du jeudi, le 13 novembre 2014 à l’IUT de Bordeaux Montaigne, deux expertes du monde de la santé et de l’éducation à l’environnement. La conférence, en partenariat avec la DREAL Aquitaine et l’Agence Régionale de Santé, a réuni une cinquantaine de personnes.
Environnement et santé : accroître le pouvoir d’agir des populations
Pour Christine Ferron, docteur en Psychologie, directrice de l’IREPS Bretagne, l’éducation à la santé environnementale s’inscrit dans la promotion de la santé ; elle intègre la notion de qualité de vie et vise la réduction des inégalités sociales de santé par le développement de la capacité d’action de la population. « Eduquer n’est pas prescrire ! ». Dès lors, le principal enjeu est d’accroître l’aptitude des personnes et des groupes à se forger une opinion sur les liens entre leur environnement et leur santé, à identifier les leviers sur lesquels ils peuvent agir et, enfin, à intervenir dans le débat public concernant la santé environnementale.
Et pour cela, « il faut mettre en place des stratégies de promotion de la santé faisant une place importante à la participation des populations concernées, et à leur empowerment (capacité des personnes à acquérir du pouvoir socialement, politiquement, économiquement et psychologiquement). » Tout l’enjeu de l’éducation à la santé environnementale va donc être de permettre l’émergence et l’organisation de ces demandes.
Entre problèmes à résoudre et éducation positive : pour une pédagogie de l’entre-deux
Dominique Cottereau, docteure en sciences de l’éducation, travaille à mi-temps en tant que professeur associée à l’IUT de Tours, département carrières sociales, et à mi-temps dans la Scop Oxalis où elle est formatrice et consultante en éducation relative à l’environnement. En préambule, revenant sur l’origine du mot « éduquer », emprunté au latin e-ducare, « nourrir » et e-ducere, « mener hors de ». Éduquer s’est substitué à nourrir, qui signifiait « élever un enfant ». Le mot éducation est fortement imprégné de l’enfance, de cette notion d’épanouissement. Comment éduquer sans aliéner, sans culpabiliser, sans prendre le pouvoir sur l’autre ? Comment au contraire éduquer en favorisant la mobilisation des ressources personnelles, dans une approche positive, qui ne fait pas non plus abstraction des problèmes qui se posent ?
Un des axes qu’elle défend est un rapport d’éducation par le corps explorant la manière dont les personnes construisent leur être-au-monde par le contact direct et réfléchi avec l’environnement. Les enfants ne jouent plus dans la nature, ne jouent même plus « dehors ». On les enferme dans les maisons, les salles de classe, devant les ordinateurs, les téléphones mobiles et les jeux électroniques… Dominique Cottereau prône une pédagogie qui fait la part belle à l’imaginaire, à la rêverie, au jeu, au désir, au témoignage, raconter son expérience… « ça demande du temps mais c’est bien sur cette approche d’éducation positive, d’émotion révélée, de dialogue instauré que peuvent se transmettre des savoirs ».
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