L’Ifremer veille à l’état et à l’évolution de la qualité environnementale et sanitaire du milieu marin. Un de ses centres opérationnels se trouve à Arcachon. Portrait avec sa toute nouvelle directrice Hélène Jeanneret.
« Depuis sa création en 1984, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer contribue, par ses travaux et expertises, à la connaissance des océans et de leurs ressources, à la surveillance du milieu marin et littoral et au développement durable des activités maritimes. A ces fins, il conçoit et met en place des outils d’observation, d’expérimentation et de surveillance, et gère la flotte océanographique française pour l’ensemble de la communauté scientifique. C’est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), placé sous la tutelle conjointe des ministères chargés de la Recherche, de l’Agriculture et de la Pêche, de l’Equipement et des Transports et de l’Ecologie et du Développement durable. »
A l’Ifremer, si l’on contemple l’horizon, le friselis de la houle ou le balancement des vagues, on scrute aussi sa respiration, son pouls et sa température. Les océans, les mers et les littoraux sont ici abordés par enjeu : changement climatique, ressources vivantes, ressources minérales, biodiversité, pollution, sécurité sanitaire, etc. Ce sont quelques-unes des questions auxquelles les 1300 salariés de l’Ifremer, avec ses 25 implantations en métropole et outre-mer dont la moitié en personnel scientifique et technique, tentent de répondre. Ces derniers travaillent sur les liens entre le climat, les gaz à effet de serre et les océans, mais également sur les grands mouvements migratoires des poissons, la biologie marine, les coquillages, leur état sanitaire et peuvent ainsi fournir des scénarios de pêche.
Coquillages sous surveillance
A Arcachon, c’est une équipe de 13 personnes que dirige Hélène Jeanneret. Les recherches couvrent des champs très divers : biodiversité marine, surveillance de l’environnement, qualité des produits de la mer… « Une de nos missions est l’observation du milieu littoral et la surveillance sanitaire ; cette dernière est définie par des textes réglementaires. On met en œuvre les réseaux de surveillance nationale au plan local, sur la microbiologie, le phytoplancton, les contaminations chimiques. En cas de présence de phytoplancton toxique ou de contamination bactériologique, nous émettons un bulletin d’alerte qui conduit la préfecture à interdire la consommation de coquillages. Une bonne partie de nos actions est tournée vers la conchyliculture. Nous participons à un réseau de surveillance sur la croissance et la mortalité des huîtres creuses, et nous suivons chaque année le captage, qui est un volet essentiel de l’ostréiculture arcachonnaise. La station Ifremer d’Anglet, avec laquelle nous travaillons, est plus tournée vers l’évolution de la ressource halieutique, un travail d’expertise d’où découlent par exemple les quotas de pêche. Nous sommes également consultés par le préfet ou les services déconcentrés de l’état sur les projets d’aménagement du littoral ».
Les herbiers de zostères menacés
En 2000, l’adoption de la Directive cadre sur l’Eau a modifié considérablement le concept de surveillance. Des critères écologiques et chimiques définissent le bon état des eaux. La mer n’est plus vue comme un simple milieu d’usage, mais comme un système qu’il convient de préserver dans sa globalité. « A Arcachon se trouve une plante marine qui pousse sur le sédiment sableux et sablo-vaseux grâce à un réseau de rhizomes, que l’on confond souvent avec une algue, si bien que peu de gens connaissent son importance » précise Hélène Jeanneret. L’ensemble donne l’aspect d’une prairie et forme ce que l’on appelle un herbier de zostères dont le plus grand d’Europe se situe justement à Arcachon, une sorte d’indicateur biologique de l’état de santé du milieu naturel, qui sert de refuge, de nourricerie et de réserve de nourriture à de nombreux poissons. Depuis les années 2000, l’Ifremer s’interroge sur les causes de sa régression: changement climatique, niveau de contamination des eaux, contamination par les herbicides, destruction mécanique par la pêche à pied… Des questions toujours en attente auxquelles l’Ifremer, en partenariat avec l’Université de Bordeaux, s’évertue à trouver des réponses pour expliquer le phénomène.
Plus d’informations sur la Directive cadre de l’eau : www.ecologique-solidaire.gouv.fr