Dans le secteur du médico-social, la mise en œuvre de pratiques axées sur la santé-environnement en est encore aux prémices, depuis la formation des professionnels jusqu’aux projets des établissements. Lauréat de l’appel à projet santé-environnement de la Région Nouvelle-Aquitaine, David Hamelin, directeur de l’association « LE-CENTRE», plateforme de ressources pour les services à la personne à Poitiers, a choisi d’orienter des actions de sensibilisation en direction des étudiants du médico-social. Rencontre.
Pourquoi avoir orienté vos actions en direction de ce public ?
Lors de notre premier financement en 2020 dans le cadre de l’appel à projet santé-environnement de la région NA, nous avions ciblé les aides à domicile, un public facile à motiver car plus libre dans ses choix de pratiques. Pour ce deuxième financement, nous avons choisi de créer des outils en direction des futurs professionnels du médico-social, élèves à l’IFAS , en bac professionnel SAPAT qui prépare aux métiers du secteur sanitaire et social, des services à la personne ou encore les étudiants dans les MFR. Tous ces jeunes évolueront ensuite en maisons de retraites, EHPAD, CCAS…
Dans les référentiels métiers, cette notion n’est pas intégrée. La santé-environnement est un impensé, c’est un sujet invisibilisé… La gestion du nettoyage sanitaire ne prend pas en compte la santé-environnement. La nécessité d’un usage raisonné de la chimie représente plus que jamais un enjeu de santé publique, du moins dans les locaux où sa mise en œuvre est possible. Certaines pratiques sont ancrées dans les habitudes des agents d’entretien et de leurs encadrants. Si les futurs agents sont sensibilisés à ces questions, cela peut faire évoluer favorablement de nouvelles dynamiques.
Quels sont les outils que vous avez créés ?
Nous avons créé une exposition de 10 kakémonos qui reprend les grandes thématiques de la santé-environnement : qualité de l’air, perturbateur endocriniens, conseils de prévention… et un guide de 40 pages, édité à 1500 exemplaires, qui sera remis à chaque étudiant. Ce guide aborde des éléments techniques, les notions clés sur l’entretien, l’hygiène, la désinfection, la toxicité des produits, des repérages, et propose des cas concrets de pratiques, parfois toutes simples comme l’aération de la chambre des patients.
Cette année, vous accompagnez les étudiants avec des interventions in situ…
Dans l’idéal, nous associons une intervention avec l’exposition, qui reste une quinzaine de jours. Ce n’est pas un cours magistral, il s’agit plus d’un échange, imaginé comme une sorte de contre-manuel scolaire. Nous abordons, dans chaque phase pratique du prendre soin, qu’il s’agisse d’hygiène ou de soin, des éléments qui peuvent être améliorés. Le message est simple. Il s’agit de faire comprendre que les options ne manquent pas pour faire mieux, remettre du bon sens dans ses pratiques pour protéger sa santé et celle des patients, et qu’il est facile d’intégrer dans sa pratique quotidienne des petites choses. Les élèves que nous rencontrons sont réceptifs. L’écologie est pour eux un sujet évident mais la mise en oeuvre est plus difficile. D’ici fin juin, une douzaine d’intervention sont prévues pour acculturer environ 400 élèves.
D’autres projets ?
Cela fait 10 ans que nous portons un intérêt à la santé-environnement. Au tout début, nous avons travaillé avec l’atelier du 19, le logement pédagogique du quartier des Couronneries à Poitiers, où nous sensibilisions les professionnelles de la garde d’enfant à domicile à la santé environnementale. Cet appartement n’existe plus, malheureusement, mais nous réfléchissons à un projet qui devrait tendre vers ce modèle, et qui permettrait d’accueillir des élèves sur ces notions de santé et habitat.
Plus d’info sur le site de l’association le centre
