Associé autrefois à la sorcellerie, celui que l’on nomme aussi l’herbe du diable est une plante toxique, connue pour ses effets hallucinogènes. On le reconnaît grâce à ses longues fleurs mauves ou blanches en forme de trompette et ses bogues épineuses de la taille d’une noix. Désormais repéré en Creuse, le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement des Pays creusois a commencé à organiser des chantiers d’arrachage pour éviter sa propagation dans le département.
Originaire du Mexique, le datura est une plante invasive qui s’adapte à tout type de sol, apprécie les jardins, mais aussi les “cultures d’été” comme les maïs, colza ou encore les tournesols. Au sein du PNR de Millevaches, les champs de sarrasins sont sous étroites surveillance afin d’éviter la prolifération de la plante dans cette culture aux enjeux économiques futurs. Une fois arrivée à maturité, vers le début de l’automne, ses milliers de graines contenues dans ses bogues (de 300 à 500 par bogue) se propagent. Le problème, c’est qu’elles contiennent des alcaloïdes, molécules qui peuvent entraîner des troubles neurologiques, cardiaques et hépatiques et divers phénomènes (hallucinations, fièvre, délires…). Cette amanite phalloïde version plante comporte donc un double enjeu sanitaire et économique. En effet, comme le résume Florence Dupont, chargée de mission santé environnement au CPIE des Pays Creusois: « lors de l’analyse d’une récolte, si une infime présence de datura, tige, feuilles, fleurs, graines ou suc de la plante, dans une récolte est retrouvé dans les échantillons, les céréales deviennent non consommables et les lots sont alors détruits. Quant aux enjeux sanitaires : l’ingestion ou l’inhalation d’une quelconque partie de la plante peut provoquer de graves complications. »
Le CPIE a organisé un premier chantier grand public d’arrachage de datura au mois d’aout : « Il n’existe pas encore de plan de gestion comme pour l’ambroisie mais il faut commencer la surveillance qui passe par la sensibilisation : savoir identifier la plante, connaître les modes de contamination, les moyens de réduire la dispersion. L’enjeu sanitaire ne s’arrête pas à la vigilance du datura dans les cultures puisque la plante s’invite aussi dans les jardins des particuliers ou sur l’espace public. J’ai été appelée pour un champ de datura qui a poussé dans un poulailler ! » précise Florence Dupont.
Alors, que faire ? « « Le mieux, c’est d’arracher la plante avec ses racines, et de la jeter dans les ordures ménagères pour qu’elle soit détruite par un incinérateur. Il ne faut surtout pas la brûler, car les fumées gardent les propriétés toxiques et l’empoisonnement peut se faire par voie d’inhalation. Et ne pas la mettre dans son compost, » avertit Florence Dupont avant d’ajouter : « Attention, couper simplement la plante et la laisser sur place ne suffit pas car même coupée, elle peut achever son cycle de reproduction. »
Le CPIE travaille en lien étroit avec la Chambre d’agriculture de la Creuse et le PNR sur ce sujet épineux. Si vous avez un doute sur la reconnaissance de la plante ou sur la procédure à suivre si vous en repérer, n’hésitez pas à contacter l’une des trois structures.
Lien vers le site du CPIE du pays Creusois
Lien vers le PNR Millevaches en Limousin
Lien vers la chambre d’Agriculture de la Creuse