De nombreux Contrats Locaux de Santé portent un axe santé-environnement. Ceux-ci ont pour vertu de questionner la santé sous toutes ses formes, en imaginant de nouvelles dynamiques. Dans le cadre de son CLS, le Centre Intercommunal d’Action Sociale (CIAS) du Bassin de Marennes a organisé en juin un événement baptisé « La santé environnementale dans tous ses états » afin de sensibiliser la population et les acteurs du territoire à ces notions. Une première sur ce territoire.
Aborder les questions de santé-environnementale dans le cadre d’un CLS, c’est avant tout l’occasion de susciter un élargissement du cadre d’actions, et de mobiliser une coalition de partenaires. C’est le cas du CLS Bassin de Marennes, dont le coordinateur Olivier Duc a choisi d’associer différents acteurs pour imaginer un programme autour de cet axe santé-environnement en lien avec les spécificités du territoire, composé pour 2/3 de marais, avec une forte tradition ostréicole.
Olivier Duc s’est naturellement tourné vers le CPIE Marennes-Oléron (association IODDE) qui a proposé trois balades pour approfondir le lien naturel et trop souvent oublié existant entre la santé humaine et celle de l’environnement. L’équipe pédagogique du CPIE a imaginé ces balades par saison, pour recréer du lien entre les habitants et « la nature ordinaire » qui les entoure.
Pour Zachary Gaudin, animateur au sein d’IODDE : « il ne s’agit pas d’observer uniquement la biodiversité mais de chercher à aiguiser le regard des participants sur les liens entre environnement et santé, entre la qualité des écosystèmes et notre bien-être. On marche peu, seulement 2 ou 3 kilomètres et on s’arrête par exemple devant des jardins partagés où l’on parle d’alimentation saine. On lève la tête et l’on aperçoit un magnifique faucon blanc aux yeux rouges, L’Élanion blanc. L’occasion d’aborder la question du réchauffement climatique marqué chez cette espèce par une évolution de son aire de répartition vers le nord, d’année en année. On traverse le bourg et on discute de l’abandon des produits phytosanitaires pour gérer les espaces verts des villes en tombant sur des pousses de pissenlits qui se faufilent à travers le béton du trottoir. On se pose devant l’estran et j’aborde les pratiques touristiques, les liens existants entre les activités humaines et la qualité de l’eau… Aux usages ayant à l’époque façonné le marais (marais salants, élevage, fossés à poissons…), et qui ont fortement diminué alors qu’ils participent pleinement au fonctionnement des écosystèmes et à l’équilibre de notre territoire. La question de la transversalité s’est perdue comme ce lien à la nature, notamment pour les plus jeunes, cette génération d’enfant « hors sol » comme le dit si bien Stéphane Trifiletti. Mais la reconnexion est rapide aussi lorsqu’on l’accompagne un peu ! »
L’un des évènements phares a été la projection de « La théorie du boxeur ». Ce documentaire, qui parle d’agriculture et de changement climatique, aborde une réflexion sur le devenir de nos systèmes agroalimentaires dans un contexte d’incertitude climatique et questionne le rôle du vivant, la place de l’eau…
Pour Olivier Duc : « cela fait écho à notre région façonnée par des siècles d’élevage. La montée des eaux, la salinité des sols… l’impact sur notre territoire, comment reconnecter agriculture et alimentation, comment bâtir un modèle plus résilient. L’AMAP de Marennes est invitée au débat pour mettre en valeur les circuits courts. »
L’objectif est également de sensibiliser l’ensemble des habitants : enfants, adolescents et adultes pour les responsabiliser face à la préservation de leur capital santé. Un atelier « santé-environnement » qui décrypte l’air intérieur, les produits d’hygiène, l’alimentation…à destination des parents de jeunes enfants a été organisé par le relais petite enfance. Et la médiathèque de Marennes met à disposition des ressources complémentaires documentaires sur la thématique.
Pour Olivier Duc : « l’idée, à travers cet événement, c’est de commencer à acquérir une culture commune pour repenser la manière dont notre environnement, nos espaces de vie influent sur notre santé. Le CLS est un outil qui permet d’associer tout un écosystème d’acteurs d’horizons variés pour mettre l’accent sur la prévention et les déterminants de santé. Le projet sera certainement poursuivi dans les années à venir. »
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