Plus de 240 élèves et 17 accompagnants ont assisté au concert pédagogique « Sonorama » en novembre dernier à Poitiers. Renouveler la prévention des risques auditifs en y associant la découverte d’un lieu culturel, voici le nouveau pari lancé dans le cadre du CLS (Contrat Local de Santé) de Poitiers. Retour sur ce nouveau format, qui invite à une approche décloisonnée des relations entre santé publique, culture et jeunes.
L’initiative a été lancée dans le cadre du CLS et du PRSE pour les jeunes lycéennes, lycéens, collégiennes et collégiens pictaviens. Si l’influence des arts sur la santé commence à peine à être documenté, Aude Thomet, coordinatrice de l’axe santé environnement du CLS de Poitiers, a pris les devants. Pour elle, il ne fait aucun doute que la culture doit être « considérée comme un déterminant de santé », tout en précisant l’origine de ce projet pilote : « nous avions constaté lors de la cession de 2022 que de nombreux jeunes fréquentaient peu les lieux culturels, voir s’y déplaçaient pour la première fois. Nous avons souhaité décloisonner ces deux dynamiques : proposer un message de prévention auditive tout en éveillant à ce milieu de la culture ».
La demi-journée de 3 heures était donc découpée en deux parties : le concert pédagogique puis la visite du Confort moderne.
D’une durée d’1h30, le concert est joué par des musiciens professionnels, formés à l’éducation à la santé et à la prévention des risques auditifs, accompagnés d’un technicien son. Il est rythmé d’extraits musicaux joués en live, de vidéos explicatives et de nombreux échanges avec le public. Les élèves sont ainsi à la fois plongés dans une ambiance de concert tout en assimilant les informations pour comprendre l’audition et en prendre soin.
D’après l’évaluation, si 78% des élèves pensent avoir déjà été exposés à un volume sonore élevé, le concert pédagogique participe indéniablement à la mobilisation des élèves pour qu’ils adoptent une attitude responsable dans leurs pratiques d’écoute quotidienne. Les messages délivrés sont assimilés, notamment sur le danger d’exposer ses oreilles trop souvent, trop longtemps et surtout trop fortement aux sons, quelles que soient leurs origines : la maison, la cantine, la musique amplifiée : « c’est dangereux d’utiliser un casque pour s’endormir, … ». Quant aux bons comportements à adopter, le message sur le temps de « repos » de l’oreille est parfaitement compris.
Quant au « Confort moderne », si 75% des élèves ne connaissait pas cet ancien entrepôt industriel transformé en lieu culturel, plus de 70% d’entre eux se disent prêt à y retourner même s’ils ont trouvé parfois la visite un peu longue (1h répartie en 3 séquences de 20 minutes : visite de la fanzinothèque, de l’expo d’art contemporain et du lieu).
Même ressenti de la part des enseignants, qui en revanche sont convaincus de son utilité : « cela permet de faire découvrir la culture à des élèves qui en sont bien souvent éloignés ». Globalement, les enseignants souhaitent que l’action soit reconduite : « Suite au concert, nous continuerons de travailler sur l’histoire de l’amplification du son et avec elle, celle des conséquences sur l’audition » détaille un enseignant enthousiaste. « Nous envisageons également un travail sur l’histoire du Confort Moderne, les métiers liés aux musiques actuelles, l’organisation matérielle d’un concert amplifié, la matérialité des supports sonores (travail en arts plastiques sur la création de fausses pochettes de faux groupes de rock, de rap, ou autre). Le projet c’est de faire une expo au collège sur tous ces thèmes »
La reconduction de cette proposition est désormais inscrite au programme 2024.
Plus d’information sur le site de la nef
