Chaque citoyen peut adopter des gestes du quotidien, repenser les habitudes de toute la famille pour un environnement dépollué et plus sain. Mais comment engage-t-on une telle démarche à l’échelle de 50 établissements pour 1 200 salariés ? Depuis plus de 10 ans, Isabelle Barde, cheffe de projet au sein de l’ADAPEI 33 (Association départementale de parents et amis de personnes handicapées mentales) a impulsé cette transition et avance pas à pas dans la mise en place d’un environnement plus sain.
Par quelle porte d’entrée vous êtes-vous impliquée dans cette transition ?
Tout est parti d’une rencontre en 2012 avec Isabelle Farbos d’Habitat Santé Environnement, experte en santé-environnement. J’ai eu la chance d’assister à l’une de ses conférences à laquelle j’ai tout de suite adhéré, puis j’ai continué à me former avec elle pendant 4 ans. La motivation est un levier essentiel, et j’ai pris la mesure de mon rôle. Une telle démarche s’inscrit dans un vaste projet managérial qui se doit d’impliquer tous les acteurs. Pour mobiliser, il faut être soi-même convaincue avant de convaincre ! Nous avons aujourd’hui une longueur d’avance sur pas mal de thématiques et c’est une fierté.
Au départ, nous avons contractualisé un accompagnement avec Isabelle Farbos sur l’ESAT de Bégles autour de 3 axes : la propreté, les espaces verts et la restauration. Cet établissement d’aide par le travail gérait 7 ateliers (Restaurant avec une cafétéria ouverte au public, Espaces Verts, Blanchisserie, Propreté et nettoyage, Sous-traitance,). Un diagnostic participatif a été mis en place sur le terrain concernant les pratiques de l’ESAT (nettoyage, désherbage). Puis nous avons lancé un marché global ADAPEI 33 sur les produits d’entretien et le matériel de nettoyage, afin d’uniformiser et de simplifier les achats. Une centaine de personnes ont été formées aux techniques de nettoyage « sans polluer et sans se polluer » (responsables, moniteurs d’équipes techniques, agents… ). Cette pratique du nettoyage sain perdure sur l’ESAT Métropole, il est devenu un atout auprès de nos clients et il est uniformisé sur l’ensemble de nos établissements.
Et en ce qui concerne les espaces verts ?
Cela a été plus compliqué, plus lent. La réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires au niveau de la voirie et des espaces vert induit des changements visuels. Nous avons réorganisé le service espaces verts et intégré des pratiques de gestion différenciée des espaces verts, un plan de formation, de la lutte biologique intégrée, du paillage organique. Aujourd’hui, nous sommes bien sûr en 0 phyto et nous avons développé de nouveaux marchés grâce à cette compétence. La pression de la réglementation est une aide précieuse parfois pour tenir bon !
Grosse révolution au niveau également de la restauration ?
C’est mon cœur de métier ! Pour s’engager vers une alimentation plus durable et saine, le projet s’est orienté vers la recréation de cuisines au sein des établissements. Jusqu’en 2010, une cuisine centrale livrait les repas, il fallait les remettre en température. Aujourd’hui, on produit sur 14 établissements (=1500 repas par jour), ce qui nous permet de contrôler différentes étapes, les cuissons, les contenants, les produits. Nous avons arrêté les gobelets en plastique, remis de l’inox, du verre. Toute la philosophie de la démarche est intéressante. On réfléchit aux éclairages, à l’acoustique, on s’engage à lutter contre le gaspillage alimentaire, à favoriser les circuits de distribution les plus courts, et à promouvoir les écogestes pour faire rimer restauration collective avec assiettes saines, confort des convives et respect de l’environnement.
En 2025, c’est l’objectif 0 plastique et nous nous y préparons. Nous avons rejoint le système participatif de garantie Mon Restau Responsable® créé par la Fondation pour la Nature et l’Homme et le réseau Restau’co. Intégrer des réseaux, c’est important pour trouver des leviers lorsque quelque chose bloque. L’idée est d’engager tout le monde dans une véritable démarche de progrès continu. Mon rôle, c’est de coordonner, communiquer, animer, valoriser. Les réseaux sont un bon tremplin.
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