Dans la vallée d’Aspe, suite à une augmentation de consultations en lien avec des piqûres de tique, la Maison de santé a imaginé un projet de recherche participative. On trouve désormais le parasite dans des zones d’altitude. A quels phénomènes peut-on associer ces changements ? Rencontre avec Pierre Laporte, Psychologue clinicien de la Maison de Santé et porteur du projet.
Quel est le contexte du projet ?
La thématique autour des tiques est tout simplement née des préoccupations des patients de la maison de Santé, de plus en plus infectés. En 2017, nous avions proposé une conférence avec un médecin sur la maladie de Lyme qui était alors sujet à controverse et nous avons monté un premier groupe de travail pour faire des entretiens avec des bergers et des éleveurs de la vallée. Nous avons essayé de comprendre pourquoi ce parasite s’est multiplié dans notre région, notamment dans des zones d’altitude jusqu’alors épargnées. S’agit-il d’une modification des pratiques pastorales, de modification des conditions climatiques…. ? Une première conférence, en février 2022, organisée conjointement par la maison de Santé et le CPIE Béarn sur « le Risque Tiques : variations-climat-milieux-activités humaines » donnée par Karine Chalvet-Monfray (Professeur VetAgro Sup INRAE – Lyon) nous a permis de réfléchir à une collaboration de « recherche – action » sur le sujet. Puis nous avons répondu à un appel à projet de la Région Nouvelle-Aquitaine étiqueté « One Health » qui nous a permis d’obtenir des financements.
Quel est l’objectif du projet ?
Notre projet a été baptisé EPPAT, pour « Etude pluridimensionnelle participative Aspe tiques ». Il s’agit à la fois de recenser l’expansion de la répartition géographique et temporelle des tiques et de comprendre les différentes raisons de cette évolution, en lien avec la problématique du réchauffement climatique et de le faire savoir. En parallèle, nous avons prévu une étude de l’impact de l’évolution des diverses pratiques et autres usages de la montagne par les professionnels « traditionnels » (agropastoraux, forestiers, etc..) et les autres usagers (tourisme, randonneurs, etc..), sur les populations de tiques. L’approche de la problématique se veut transdisciplinaire, en reliant études eco-systémiques et ethno-anthropologiques et rapprochant recherche, institutions et citoyens.
Quelles sont les étapes du projet ?
Le projet se déroule autour de différents axes. Dans un premier temps, nous avons mobilisé une équipe de 10 bénévoles, répartis sur 3 sites pour l’identification et la collecte de tiques en fonction des saisons, de l’altitude et des facteurs météorologiques. Ils ont été formés dans le cadre du programme CLIMATIK (collecte mensuelle de tiques sur 3 ans) par des agents de l’INRAE en avril 2023. Les tiques récoltées seront analysées au laboratoire pour les identifier, identifier les pathogènes et modéliser. Sur les deux premières collectes, environ 150 tiques ont été ramassées sur un périmètre bien précis avec la technique du drap à 400m d’altitude et une vingtaine à 1200 m. Pour l’étude etno-anthropologique, nous allons solliciter des étudiants en master pour conduire des entretiens auprès de personnes concernées : bergers, éleveurs, forestiers (exploitants forestiers – O.N.F.), Parc National des Pyrénées, chasseurs, pêcheurs, naturalistes, randonneurs, cueilleurs de champignon, etc … et l’ensemble des données sera analysé afin de mieux comprendre les usages et la dynamique des populations de tiques. L’objectif final étant d’identifier des freins et des leviers mobilisables pour favoriser le passage à des actions de prévention relatives au risque tiques.
Présentation du projet CLIMATICK
Lien vers la Maison de Santé du Pays d’Aspe
