L’école doit être promotrice de santé. Au sein de l’académie de Poitiers, cette approche a notamment été développée autour de deux thèmes en lien avec la santé environnement : la qualité de l’air intérieur et la reconnexion à la nature avec l’école « hors les murs ». Explications avec Jean-Christophe Hortolan, conseiller pédagogique départemental EDD (éducation au développement durable) et sciences en Charente.
Quels sont les axes santé-environnement que vous développez au sein de votre département ?
Sur notre territoire, nous avons investi la thématique de la qualité de l’air intérieur. Dans l’esprit du PRSE2, nous avions expérimenté des procédures avec des campagnes de mesure dans certaines écoles, proches des axes routiers, avec une recherche sur certains polluants comme le benzène et les formaldéhydes en partenariat avec à l’époque Atmo Poitou-Charentes. Nous avons également participé à l’écriture d’une charte avec le monde agricole sur le sujet des épandages. Dans un même temps, nous avons sensibilisé les gestionnaires de collège sur les éco-produits et les élus pour les sensibiliser aux achats responsables (réduction du plastique, matériel scolaire sain). C’est une de nos orientations dans le cadre de la labellisation E3D (École ou Établissement en Démarche globale de Développement Durable) qui permet de valoriser, promouvoir, partager de les démarches globales pour un développement durable dans les écoles, les établissements scolaires et les territoires éducatifs. L’académie de Poitiers a décerné 177 labels à 159 établissements scolaires depuis le début de la démarche.
En quoi cette labellisation E3D est-elle favorable à la prise en compte de la santé environnement ?
La santé-environnement est clairement identifiée, parmi les 17 objectifs de développement durable de l’ONU. Par exemple la question de la santé et du bien être est l’objet de l’objectif n°3. La santé-environnement est une thématique qui prend de l’ampleur au sein de notre académie depuis 2 ans notamment sur 2 champs : l’une est liée à la crise sanitaire avec les problématiques d’aération et de concentration de CO2.
L’ARS a financé un programme d’intervention dans 30 classes sur 3 ans avec une campagne de mesure de C02, de formaldéhydes et des diagnostics produits avec Isabelle Blanquart, conseillère médicale en santé environnement et infirmière du service de pneumologie du Centre Hospitalier d’Angoulême. Des réunions de restitution et d’information avec les parents, le personnel de service, les élus se sont organisés avec la CMEI et moi-même en tant que conseiller pédagogique pour faire le bilan et remettre les choses en place.
Quel est le deuxième axe que vous avez investi ?
Le deuxième champ concerne une réflexion autour de la crise sanitaire (donc de la nécessité de ne pas toujours travailler dans la classe), du changement climatique, du besoin pour les élèves de retisser des liens avec la nature et cette idée d’enseigner autrement, d’expérimenter la classe dehors. Je crois personnellement que le contact avec la nature est bénéfique et augmente la capacité de concentration des élèves. Aujourd’hui, d’après des études, les enfants vivent coupés de la nature, seuls 10% sortent dans la nature le week-end. Je suis convaincu du besoin vital de sortir. Il faut un capital de vécu réel, des expériences concrètes pour ancrer les apprentissages. Sur 1200 classes, nous avons aujourd’hui 200 classes de primaire qui font école dehors ½ journée par semaine en moyenne.
Parallèlement, le département soutient les communes qui souhaitent végétaliser les cours de récréation de leurs écoles. C’est un même mouvement et cette approche est particulièrement soutenue dans notre académie. Dans ce même mouvement, on remet de la nature au sein de l’école. Cette année, ce sont 20 classes de primaire, situées en Charente-Maritime, Charente, Deux-Sèvres et Vienne, qui ont adopté un programme de découverte et de « reconnexion à la nature » spécialement conçu pour les petits.
Pour en savoir plus, le blog Sciences’EDD