« Bords de champs/bords de villes : prise en compte des lisières urbaines dans le PLUi pour réduire l’exposition aux pesticides » : voici le nom du projet porté par la Communauté urbaine de Grand Poitiers qui vise à intégrer le risque d’exposition des populations aux pesticides agricoles dans les documents d’urbanisme. Explications avec Yvonnick Guinard, directeur Nature-Biodiversité au sein de la Communauté Urbaine
Quelle est la situation sur votre territoire ?
Notre attention sur ce sujet a été attirée par le travail de Mathilde Hermelin-Burnol, doctorante au laboratoire Ruralités de l’Université de Poitiers. Nous n’avons pas sur notre territoire d’association de riverains opposants, ni de conflit local, alors que notre territoire est caractérisé par ses exploitations en grandes cultures majoritairement céréalières. Cela nous intriguait. Nous avons décidé de creuser cette piste avec l’aide de l’appel à projet lancé par la DREAL dans le cadre de la mesure 2.2 du PRSE. L’objectif était d’améliorer la connaissance sur notre territoire, de s’assurer que ce n’est pas quelque chose qui nous échappe, de préciser la nature des relations entre les acteurs locaux et le monde agricole et de définir des outils pour réduire les expositions au risque dans un souci de prévention. Notre PLUi (Plan Local d’Urbanisme intercommunal) est en cours d’élaboration, c’est l’occasion d’adopter de bonnes résolutions en amont malgré une faible conflictualité locale autour des pesticides.
Quelles sont les actions retenues ?
Une première phase consiste à poser un diagnostic des usages des pesticides sur notre territoire. Pour cela nous avons travaillé avec l’association ATMO Nouvelle-Aquitaine pour interpréter les résultats d’analyse des polluants atmosphériques issus des produits phytosanitaires et pour en spatialiser les usages.
Une deuxième phase consiste à analyser l’interface zones urbaines/zones agricoles d’un point de vue quantitatif (linéaire d’interfaces), qualitatif (présence ou non d’éléments influençant l’exposition au risque) et de la dynamique spatio-temporelle de ces interfaces. Nous avons pour cela noué un partenariat avec l’Université de Poitiers pour élaborer et mettre en œuvre un projet en plusieurs parties. Une première partie, dans le cadre d’un micro-projet étudiants, a étudié la dynamique spatio-temporelle pour définir les interfaces monde agricole/ riverain. Une deuxième partie, confiée à un stagiaire de master 2, est constituée d’enquêtes de terrain sur un échantillon de population avec une approche sociologique qui permet de comprendre la perception des pesticides par les habitants. Une troisième phase, sous forme d’un projet tutoré, démarre actuellement et va permettre de tester les hypothèses issues des deux phases précédentes et de tester la robustesse des conclusions.
Quel est l’objectif poursuivi ?
Une fois l’état des connaissances amélioré, nous serons en capacité d’apporter une réponse adaptée pour réduire l’exposition au risque sanitaire. Un cabinet d’étude sera missionné pour définir les outils technico-juridiques mobilisables pour réduire ces expositions par la prise en compte de cet enjeu dans notre futur PLUi.