Dans le cadre de l’appel à projet du PRSE Nouvelle-Aquitaine, le projet de l’agglomération de la Rochelle visant à réduire l’exposition de la population aux pesticides agricoles avait été sélectionné en 2021. Un programme d’actions aujourd’hui très attendu dans un contexte où les tensions ne cessent de croitre : des taux records d’herbicides dans l’air ont été relevés par la dernière étude d’Atmo Nouvelle-Aquitaine.
C’est un record dont tout territoire se serait bien passé : celui des plus fortes concentrations en France de prosulfocarbe, un herbicide particulièrement volatile épandu sur les grandes cultures. En juillet, Atmo Nouvelle-Aquitaine, l’observatoire régional, révélait en effet son bilan annuel et des résultats alarmants compilés représentant la qualité de l’air de la Plaine de l’Aunis. Un moratoire sur le prosulfocarbe a été réclamé par l’agglomération. Requête en attente de retour de la part du gouvernement, mais une étude sur ses effets est en cours. L’inquiétude est d’autant plus partagée par les habitants de l’agglomération que plusieurs cas de cancers pédiatriques ont déjà été détectés sur deux communes de la zone.
Face à cette situation, l’Agglo de La Rochelle a organisé le 14 septembre dernier une réunion d’information où pas moins de 400 habitants se sont présentés. Le lancement d’une vaste médiation entre riverains, élus, associations et agriculteurs dans cinq communes de la plaine d’Aunis : Bourgneuf, Clavette, Saint-Rogatien, Périgny et Montroy a été annoncé. Il s’agit d’une des trois actions du projet intitulé « Renouons le dialogue sur les pratiques agricoles en campagne rochelaise », retenu dans le cadre de l’appel à projet du PRSE.
Cette action de médiation est pilotée par l’agglomération de La Rochelle. Emmanuel Boutin, au service transition énergétique et résilience écologique, détaille : « Nous avons misé sur des rencontres agriculteurs – riverains avec des médiateurs, afin de faciliter la communication, d’échanger sur les pratiques et les connaissances pour plus de transparence. Nous attendons que les riverains et les agriculteurs nous fassent part de leurs attentes vis à vis d’une agriculture de proximité. Nous sommes accompagnés par la Maison de la communication qui animera cette opération avec quatre « réunions préparatoires » dès le 28 novembre et jusqu’au 5 décembre avant une grande plénière organisée en janvier 2023. C’est une première étape pour rassembler tout le monde autour de la table ».
Deux autres actions, pilotées par la Chambre d’Agriculture de la Charente-Maritime, sont programmées en parallèle : le déploiement d’une application pour favoriser la proximité entre agriculteurs et riverains et des ateliers de co-construction par les agriculteurs volontaires d’un assolement vertueux.
« L’application est un outil permettant aux agriculteurs de déclarer leurs traitements, en cliquant sur une parcelle et en indiquant la nature des travaux. L’objectif est clair : il s’agit de mieux communiquer avec les riverains sur les pratiques agricoles, trop souvent sources de conflits. L’idée c’est d’informer ses voisins », précise Julie Monroux, responsable du service Eau et Environnement à la Chambre d’Agriculture de la Charente-Maritime.
La deuxième action concerne les pratiques agricoles. « Nous travaillons déjà sur ce sujet avec des stratégies possibles pour trouver des alternatives aux produits phytosanitaires (désherbage mécanique, choix des variétés, rotation). Dans le cadre de cet appel à projet, nous avons ciblé les secteurs habités. L’un des problèmes, ce sont les traitements qui sont pulvérisés à la même période. On réfléchit en concertation pour des aménagements paysagers (agroécologie), la diversification des cultures pour limiter la dérive des produits avec des haies…Ce projet est en cours, nous avons identifié 75 agriculteurs qui ont au moins une parcelle dans les zones concernées, 45 ont manifesté de l’intérêt pour ce projet, c’est un signal positif » souligne Julie Monroux.