« J’entends, je sens, je pars, j’me dis encore lui, ce même bruit, j’en peux plus, il me tue… » Les acouphènes ? La chanteuse pop Angèle en décrit les symptômes dans une interview intégrée au concert pédagogique de sensibilisation aux risques auditifs « Sonorama » auquel ont assisté, le 8 février, 275 jeunes poitevins au centre socio-culturel « la Blaiserie ».
Le concert Sonorama, proposé par La Nef et financé par l’ARS NA dans le cadre du PRSE (mesure 16.2), était en veille pendant la période Covid mais a repris sa tournée, réactualisé. Notamment avec ce témoignage fort de l’auteur-compositrice-interprète belge, engagée sur de nombreuses questions et bien connue du public jeune pour ses duos avec des rappeurs français. « Faire le deuil du silence, réussir à accepter que ce petit bruit très aigu va m’accompagner toute ma vie…. Ce qu’il faut savoir, c’est que si tu entends du son trop fort pendant plus de 30 minutes, ça peut te blesser pour toute ta vie… » prévient-elle pour favoriser une prise de conscience de la fragilité de leurs tympans.
Autre nouveauté, un focus sur l’écoute au casque, un sujet clé de la prévention. La pratique s’est généralisée ces dernières années. Selon le dernier baromètre d’Agi-son, 87,4% des adolescents utilisent des écouteurs ou un casque pour écouter de la musique, 1 sur 2 fait ses devoirs en musique et s’endort en musique avec un casque. 35,6% des jeunes âgés de 12 à 18 ans ont déjà eu un trouble auditif. L’écoute sur smartphone est la principale source de troubles auditifs. Ces tendances ont été confirmées par les retours du questionnaire suite au concert « Sonorama ». Sur 43 répondants, 35% confirment qu’ils utilisent un casque pour les déplacements, 31% lors du temps libre, 15% pour les devoirs, 14% pour s’endormir, 13% pour les jeux vidéos. 23 % avouent avoir déjà eu des troubles auditifs après une exposition au son et 27% n’en n’ont jamais parlé à leur entourage.
« C’est dans le cadre du CLS (Contrat Local de Santé) que deux cessions ont été proposées aux jeunes lycéens et collégiens » précise Aude Thomet, coordinatrice de l’axe santé environnement du CLS de Poitiers, qui avait également invité le médecin du Rectorat et l’infirmière scolaire.
« Nous souhaitons développer cette sensibilisation sur le territoire pour offrir aux collégiens et lycéens cette opportunité d’être acteurs de leur santé par cette prise de conscience et par des changements de comportements qui auront un réel impact sur leur santé auditive. Nous souhaitons également travailler en parallèle sur l’accès à la culture, qui est un déterminant de santé. Je trouve intéressant de décloisonner ces deux dynamiques : participer à un message de prévention auditive tout en éveillant à ce milieu de la culture. Le 8 février, il y avait notamment des jeunes de classes pas forcément issus d’un milieu social favorisé et qui venait pour la première fois dans un lieu culturel. Cela pourrait être intéressant de coupler cette intervention avec par exemple une visite de la salle de concert, une découverte des métiers… » décrypte Aude Thomet.
D’autres actions de préventions avaient pu voir le jour en 2021, avec notamment la campagne d’affichage « Hein ?! » menée par Agi-son, déployée sur 200 bus du territoire.