A l’aide d’un kit posé sur la jambe, des surfeurs ont participé à un programme original de sciences participatives pour mesurer la teneur des polluants chimiques sur leurs spots de surf. L’expérience est pilotée par l’association Surfrider Foundation Europe. Rencontre avec Marc Valmassoni, référent qualité eau et santé chez Surfrider à Biarritz (64).
Quelle est l’origine de votre projet ?
Il répond à une attente de notre communauté qui nous sollicitait de plus en plus sur des inquiétudes liées à la qualité chimique des eaux. Nous avons élaboré un questionnaire sur cette thématique et nous avons eu un taux élevé (10%) de réponses : nos adhérents éprouvent non seulement de l’intérêt pour ces préoccupations mais sont en attente d’informations. Nous avons donc lancé ce projet de recherche « CURL », soutenu par le LabEx COTE, en collaboration avec Hélène Budzinski, responsable de l’équipe du laboratoire EPOC (CNRS/ Université de Bordeaux) et Farida Akcha, écotoxicologue à l’IFREMER.
Que vise cette étude ?
Il s’agit de caractériser les potentielles conséquences sanitaires sur les usagers exposés aux polluants chimiques contenus dans les mers et les océans. Nous avons imaginé un équipement composé de capteurs passifs accrochés aux mollets et qui vont permettre d’échantillonner les micropolluants organiques. Une première phase expérimentale s’est déroulée en 2020, avec deux kits complets et une deuxième campagne en 2021 avec 4 kits en Pays Basque, un kit à San Sébastien et deux kits en Méditerranée. Chaque kit demandait une centaine d’heures d’exposition. Nous avons travaillé avec des volontaires, nos équipes, nos adhérents et également avec les Ours Blancs (association de Biarritz adepte de bains froids) pour comparer l’usage surf et l’usage baignade.
Quelles sont les pollutions recherchées ?
Le contrôle de la qualité des eaux de baignades est focalisé sur la surveillance bactériologique pendant la saison estivale. Nous souhaitions caractériser d’autres paramètres, sur d’autres saisons. Les capteurs vont permettre notamment d’évaluer la présence des micropolluants organiques tels que les pesticides, résidus pharmaceutiques, ou encore les produits de soins corporels comme les crèmes solaires, et des micropolluants métalliques comme l’aluminium, le cadmium, le plomb ou encore le mercure.
Quelle est la suite du projet ?
Les résultats des analyses seront connus au printemps. Les premières données permettront de caractériser précisément le niveau d’exposition des usagers de la mer aux substances chimiques. La prochaine étape sera d’évaluer les impacts sanitaires de ces polluants (s’il y en a), en collaboration avec notamment l’École des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP). L’objectif est également de travailler au niveau local pour identifier les sources de pollution et proposer des mesures. Bien-sûr, nous jouerons notre rôle de lanceur d’alerte si besoin en vulgarisant les données, en rassurant ou sensibilisant notre communauté. Nous sommes dans une logique exploratoire. Si les résultats sont probants, nous souhaitons étendre l’expérience à d’autres territoires. D’autres kits sont prévus pour 2022, afin de caractériser différentes zones récréatives.
cote.labex.u-bordeaux.fr/
www.epoc.u-bordeaux.fr/
wwz.ifremer.fr/
surfrider.eu