Au sein du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de la Gironde (CAUE 33), un groupe de travail s’est constitué autour des enjeux de santé-environnement. Les 30 salariés sont invités tous les 2 mois à rencontrer un expert. L’objectif ? Intégrer les enjeux de santé-environnement dans leurs métiers auprès des collectivités et des particuliers. Rencontre avec Annabel Albrech, ingénieure écologue au sein du CAUE.
Qu’est-ce que le CAUE ?
Le CAUE est une association investie d’une mission d’intérêt public. Il a pour objectif de promouvoir et préserver la qualité du cadre de vie dans le Département. Nous intervenons à toutes les échelles, de la parcelle au grand territoire. Nous avons une mission de conseils auprès des collectivités et des particuliers, de sensibilisation auprès du grand public, des scolaires et une mission de formation auprès des élus, techniciens de collectivités et professionnels. Nous pouvons par exemple proposer des formations pour les élus sur des sujets variés, de la planification urbaine aux enjeux de l’eau liée à l’urbanisme, très récemment, nous avons proposé un module sur les lisières.
Quelle est la démarche au sein du CAUE ?
La crise sanitaire a révélé et accéléré la prise de conscience des enjeux de santé mais certains acteurs ne sont pas assez informés ni formés. La formation initiale des architectes ne prend pas suffisamment en compte les enjeux de santé-environnement. Les architectes qui s’y intéressent le font par sensibilité personnelle. En tant qu’écologue, je travaille au sein du CAUE sur toutes les dimensions urbaines, de la planification jusqu’à l’échelle de la parcelle. Aujourd’hui, on se pose de nombreuses questions pour adapter notre vision aux enjeux des évolutions avec le changement climatique, les risques d’inondations accrus, des épisodes de sècheresse… On me sollicite de plus en plus sur l’adaptation des végétaux et sur le grand sujet de l’artificialisation des sols. Quand je suis arrivée au CAUE, il y a un an et demi, j’ai eu à cœur de développer un projet autour de la santé-environnement. L’entrée santé pour moi est primordiale dans nos projets. Quelques notions sont rentrées dans les mœurs (choix des matériaux, traitement de la qualité de l’air intérieur…) mais certains sujets en sont encore aux prémices. La crise sanitaire a révélé et accéléré les convergences. Notre discipline peut parfaitement être à la croisée de ces enjeux.
Qu’avez-vous mis en place ?
Nous avons créé un groupe de travail autour de cette thématique. L’objectif est de se constituer une culture commune et d’alimenter nos connaissances pour faire évoluer nos pratiques et imprégner nos démarches et réflexions. Nous invitons tous les deux mois des experts, pour beaucoup issus du monde de la santé, où sont conviés l’ensemble des 30 salariés du CAUE Gironde. En septembre, Sébastien Lodeiro, coordinateur du dispositif COMODEIS au sein de l’IREPS NA nous a éclairé sur la démarche des EIS. Isabelle Farbos, docteur en génétique et biologie moléculaire a pris la relève en décembre autour de la question de l’épigénétique en lien avec le bâti. En 2022, le Dr. Patrice Halimi, chirurgien-pédiatre, à l’origine de l’Association Santé Environnement France (ASEF), ou encore Anne Roué Le Gall, enseignante-chercheuse à l’École des hautes études en Santé Publique, interviendront devant l’équipe. Ces échanges sont très concrets, nous préparons en amont toute une liste de questions pour savoir comment réutiliser ces recommandations et distinguer des leviers. En parallèle, pour accompagner la diffusion de ces informations, nous avons développé des outils de partage en interne. L’architecture et l’urbanisme sont des disciplines qui peuvent concrétiser le renforcement de grands principes mis en avant par la santé publique. Et au sein du CAUE, le sujet intéresse.