Favoriser la nature et la biodiversité en ville, rafraîchir, partager l’espace public, réduire la pollution : voici quelques-uns des objectifs des permis de végétaliser déployés par certaines municipalités. A Paris, depuis leur création en 2015, plus de 2500 permis ont été alloués. En Nouvelle-Aquitaine, le dispositif fait également des émules. François Carême, adjoint à l’environnement et Laurent Briquet, responsable des espaces verts à la Ville de Périgueux, font le point sur la mise en place du dispositif dans la capitale périgourdine.
Le permis de végétaliser, c’est une autorisation donnée par une commune à ses habitants, sous certaines conditions, de jardiner sur l’espace public. Pour François Carême, adjoint à la Ville de Périgueux en charge de l’urbanisme, de l’environnement et des mobilités : « c’est une démarche participative permettant de verdir la ville par des micro-fleurissements, par l’installation de bacs ou de plantations près des arbres ». La capitale de la Dordogne a lancé l’opération en cet automne 2020. Le pari : délivrer des permis de végétaliser dans les prochains mois pour un fleurissement des espaces publics par les habitants dès le printemps. Les objectifs du permis : offrir un refuge aux oiseaux et à la petite faune, participer à rafraîchir l’air en été, absorber les microparticules et donc limiter la pollution, recréer des espaces permettant à l’eau de s’infiltrer pour réduire les risques d’inondation… « Ce dispositif est le prolongement d’une démarche engagée depuis longtemps. A Périgueux, par exemple, nous n’utilisons plus de produits phytosanitaires depuis 2009 dans les serres, et depuis 2010 dans les espaces publics », souligne l’élu.
Depuis le 2 octobre, une campagne de communication est lancée pour inviter les habitants à s’emparer de cette possibilité de verdir un coin de leur quartier. Trois formes sont possibles dans ce permis de végétaliser : le micro-fleurissement sur la voirie après vérification de la faisabilité technique, dans des bacs et jardinières, et aux pieds des arbres. « Nous allons proposer aux habitants une liste de végétaux et nous pourrons leur en fournir pour la première plantation grâce aux serres de la ville », détaille Laurent Briquet, responsable du service des espaces verts. « La condition est ne pas planter ou semer de plantes urticantes, invasives ou toxiques ». Pour obtenir son permis, le demandeur devra donc signer une charte (choix des plantes, pas d’utilisation de produits phytosanitaires…) et s’engagera à entretenir sa petite parcelle de voirie par l’arrosage, la taille, et le désherbage.
« Avec ce permis, l’idée est aussi de favoriser les échanges avec les autres et de recréer du lien social dans la ville », souligne François Carême. « Il nous paraît important de donner la possibilité aux habitants de participer à leur manière à améliorer le cadre de vie commun. Pouvoir jardiner devant chez soi, en pied de façade ou autour des arbres, c’est un espace de liberté dans l’espace public, et cela permet aussi que chacun apprenne à vivre avec l’autre ».
Sur le plan de la santé environnementale, pour l’élu périgourdin, le dispositif n’a que des avantages. « Cela permettra aux habitants vivant aux alentours de récolter des légumes frais et bio près de chez eux ! ». Par ailleurs, faire revenir de la biodiversité en ville, avec des plantes mellifères par exemple, pourrait recréer certains corridors écologiques rompus par l’urbanisation. A Périgueux, on l’espère : redessiner des cheminements plus agréables favorisera les modes de déplacements doux comme le vélo ou la marche.
Enfin, la ville proposera, à travers la semaine du développement durable notamment, d’initier les personnes intéressées au jardinage. Elle envisage également d’ouvrir le dispositif aux commerces, sous réserve que les contraintes de sécurité et de d’hygiène soient respectées dans les endroits recevant du public. Pour François Carême, « la ville doit être un support et un accompagnateur, mais c’est aux habitants de s’emparer de la possibilité qui leur est offerte de recréer des îlots de nature en ville ».
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