L’environnement à la croisée des sciences humaines et naturelles. C’est l’approche que proposait l’Agence Régionale de la Biodiversité Nouvelle-Aquitaine, en partenariat avec l’École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux, lors d’une conférence en ligne le 4 novembre 2020. Son titre : « Relier nature, santé et bien-être : une approche par les relations des habitants à leur lieu de vie ». L’occasion pour Anne-Laure Legendre, enseignante-chercheuse à l’Université de Versailles-St-Quentin et Yorghos Remvikos, professeur en santé environnementale, de présenter leurs travaux novateurs : les interactions entre bien-être, santé et nature, sous l’angle de l’expérience vécue par les habitants d’un territoire.
Sensibiliser et communiquer autour des grands enjeux liés à la biodiversité en région, c’est la vocation de l’Agence Régionale de la Biodiversité Nouvelle-Aquitaine. Parmi ses missions, l’agence propose des cycles de conférences, gratuites et ouvertes à tous, pour faciliter la diffusion d’informations auprès du grand public et la mise en réseau des acteurs en lien avec la biodiversité. « Notre rôle est, entre autres, de promouvoir les conférences qui montrent la relation entre la santé publique et la biodiversité », souligne Christophe Albarran, co-président de l’agence. « Pour cela, nous faisons se croiser des chercheurs, qui amènent leur expertise, ce qui permet une sensibilisation et une appropriation plus fine de ces enjeux ». La conférence du 4 novembre dernier, organisée en visioconférence dans les locaux de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux, en était une illustration, sous un angle plutôt novateur : comment sont reliés la nature, la santé, le bien-être et l’attachement des habitants à leur lieu de vie.
La présentation à deux voix par Anne-Laure Legendre, enseignante-chercheuse à l’Université de Versailles-St-Quentin et Yorghos Remvikos, professeur en santé environnementale, a permis de soumettre une approche complémentaire : à la fois la nécessité, étudiée par ce dernier, de dépasser la vision d’un environnement pensé comme un objet extérieur à la vie humaine, et, comme illustration, l’expérience de la nature vécue par les citoyens d’un territoire. Anne-Laure Legendre a ainsi présenté les résultats de son travail doctoral axé sur la question du bien-être dans son cadre de vie, à travers une recherche menée dans un quartier défavorisé de La Rochelle, se trouvant aux abords directs d’un espace naturel, le Marais de Tasdon. « Au départ, je voulais étudier le lien entre bien-être et cadre de vie », indique Anne-Laure Legendre. « Je n’avais pas prévu de travailler spécialement sur le lien des habitants à la nature. Mais les premiers résultats de notre travail ont montré qu’indiscutablement, dans le vécu du cadre de vie, se trouvait un attachement à ce quartier à travers la présence de la nature ».
Pour mettre ce lien en évidence, la méthodologie était importante. L’enquête ethnographique menée auprès des habitants du quartier de Villeneuve-les-Salines en 2018 avait une spécificité : « On a recherché l’expérience des habitants avec leurs propres mots ». Les chercheurs ont ainsi entendu des phrases comme « On vit mieux quand on est au bord de l’eau » ou « Il faut conserver ces milieux humides qui ont leur utilité ici. S’ils devaient combler et construire ici, je pense qu’on partirait ». Des perceptions positives qui contrastent par ailleurs avec l’image négative que le quartier véhicule dans le reste de la ville.
A Villeneuve-les-Salines, l’Évaluation des impacts en santé (EIS), menée par la chercheuse en marge de son travail doctoral, a ainsi abouti à un rapport en 2018, étayé de nombreuses recommandations pour favoriser ce lien entre nature et bien-être. Deux ans après, la chercheuse observe quelques avancées, comme la rénovation d’un groupe scolaire d’un quartier prioritaire dans l’esprit d’une véritable « école de la nature ».
Lien conférence :
www.biodiversite-nouvelle-aquitaine.fr/rencontrer/cycles-de-conferences/