Deuxième menace sur la biodiversité, après la destruction des habitats naturels, les plantes exotiques envahissantes constitueraient aujourd’hui 10 % de la flore de l’hexagone. Au-delà de leur impact écologique, les réactions allergiques qu’elles provoquent représentent un risque réel en termes de santé publique. Face à ce constat, avec le soutien de la délégation départementale de la Creuse de l’ARS, dans le cadre de la mesure 5.2 du PRSE NA, l’association l’Escuro-Centre Permanent d‘Initiatives pour l’Environnement des Pays Creusois se mobilise depuis plusieurs années pour faire connaître l’une de ces plantes envahissantes, l’ambroisie à feuilles d’armoise. Des séances de sensibilisation permettent de se familiariser avec la plante et les symptômes qu’elle provoque. Avec un objectif : la repérer à temps pour l’éliminer.
Il suffit de quelques grains de pollen pour que les symptômes apparaissent. Dans la plupart des cas, ils sont identiques au rhume des foins : rhinite, irritation des yeux, éternuements… Mais parfois, chez les personnes les plus sensibles, l’ambroisie peut provoquer conjonctivites, trachéites voire crises d’asthme graves. Pour éviter d’en arriver là, le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement des Pays Creusois organise régulièrement des séances destinées à expliquer ce qu’est l’ambroisie, comment la reconnaître et où la trouver.
En juillet 2020, 11 animatrices de santé publique du Contrat local de santé de la Creuse ont ainsi été formées par l’association. Avec un programme en deux temps : un après-midi de sensibilisation avec la localisation de la plante et une présentation des enjeux sanitaires grâce à l’outil pédagogique Captain Allergo. Quelques jours plus tard, une séance sur le terrain a été planifiée. « La séance de sensibilisation avait soulevé beaucoup d’intérêt et de questions : j’ai alors proposé une balade nature pour apprendre à reconnaître la plante dans les conditions réelles », précise Amélie Bodin, responsable pédagogique et chargée de projet Plantes Exotiques envahissantes en Creuse au CPIE des Pays Creusois.
Durant trois heures, les 11 animatrices ont pu poser leurs questions et valider leurs connaissances théoriques. « Maintenant c’est sûr, elles savent reconnaître l’ambroisie ! » s’enthousiasme Amélie Bodin, qui met en avant l’importance de ces temps d’échange, notamment avec les professionnels en lien avec les plus jeunes. « Bien formées, les animatrices ont désormais une réelle envie d’être actives dans cette lutte contre l’ambroisie », souligne Amélie Bodin. « Elles auront un rôle de relais important : lorsqu’elles verront la plante, elles nous en informeront pour que l’on puisse la cartographier ».
Amélie Bodin le sait, une question revient sans cesse lors de ces séances : « Une fois la plante repérée, qu’est-ce qu’on fait ? » Si elle est en milieu agricole, la chambre d’agriculture prend le relais pour aider l’agriculteur dans la gestion. Si elle est en bord de route publique, les gestionnaires publics comme le Département ou les communes sont informés. Enfin, si elle est chez un particulier, des méthodes de gestion lui sont proposées en fonction de la surface envahie. S’il s’agit de quelques pieds dans un jardin, en bord de champ ou bord de route, on peut l’arracher. Dans tous les cas, l’ambroisie ne doit pas être arrachée n’importe quand. « Toute manipulation de l’ambroisie à feuilles d’armoise doit se faire de juin à mi-juillet, avant la pollinisation, avec un équipement de protection adapté, notamment des gants de jardinage », rappelle Amélie Bodin.