C’est une première : une journée nationale à Montpellier, organisée par le GRAINE Occitanie et dédiée à la mutualisation des outils et des dispositifs de sensibilisation au moustique tigre. Elle a accueilli plus d’une centaine de personnes venues de métropole mais aussi des départements d’Outre-mer. Rencontre avec Fabrice Claeys, coordinateur de projets au GRAINE Occitanie et Isabelle Estève-Moussion, ingénieure d’études sanitaires, en charge du sujet à l’Agence Régionale de Santé Occitanie.
Quel était l’objectif de cette journée ?
Fabrice Claeys : En 2019, 51 départements en France sont passés en niveau 1, c’est-à-dire que le moustique tigre y est implanté et actif. Il monte d’environ 100 km par an vers le nord. Il semblait pertinent, au vu de cette montée en puissance, d’organiser une rencontre à échelle nationale. Cette journée avait pour objectifs de permettre l’interconnaissance des acteurs pédagogiques portant des actions sur le moustique tigre et de favoriser les échanges quant aux différents types de dispositifs et outils de sensibilisation mis en place. Il s’agissait également de partager les questionnements, les réussites et les difficultés de terrain. La journée a été rythmée par des ateliers d’échange et d’analyse, des temps de découverte d’outils pédagogiques sur des stands animés et par un apport notionnel en séance plénière.
Isabelle Estève-Moussion : En Occitanie, nous avons demandé la création d’un kit pédagogique pour faciliter la sensibilisation des populations à ce nouveau vecteur de maladies infectieuses. Cette journée nous a permis de connaître d’autres outils, ce qui pourra nous permettre de l’améliorer, de redynamiser notre démarche. Nous avons 13 départements, il est important que les messages délivrés soient coordonnés et adaptés. Nous avions également invité la Direction Générale de la Santé, dont deux représentants ont répondu présent. Il existe des outils au niveau national, portés par Santé Publique France, mais pourquoi ne pas co-construire une démarche nationale puisque prochainement l’ensemble de la France métropolitaine sera concerné… C’est à réfléchir.
Il s’agissait de partager également des éléments de coordination : comment fonctionne votre région ?
F.C : Sur notre territoire, l’Agence Régionale de Santé Occitanie et l’EID Méditerranée ont décidé d’appuyer pendant 5 ans (2017-2021) le GRAINE Occitanie dans la structuration et le déploiement d’un dispositif pédagogique régional. Nous sommes donc plutôt avancés sur cette thématique. En quelques chiffres, dans le cadre de ce « DP LAV » (Dispositif Pédagogique de Lutte Anti-vectorielle), en 3 ans, 15 000 personnes ont été sensibilisées, 500 demi-journées d’animation réalisées et 36 personnes formées à la lutte et à la sensibilisation autour du moustique tigre dans 23 associations différentes. Cela couvre l’ensemble de nos départements.
I.E-M. : C’est un programme de fond que finance l’ARS Occitanie pour acculturer les acteurs du territoire, améliorer les connaissances et diffuser le même message, les mêmes réflexes de prévention et de changement des comportements. Les 36 référents animateurs ont été formés dans différents champs : l’aspect biologique du moustique et la lutte, les enjeux sanitaires, ainsi que les méthodes pédagogiques et les outils.
Que retenez-vous de cette journée?
F.C : Nous avons accueilli plus de cent professionnels impliqués dans la sensibilisation aux enjeux du moustique tigre sur le territoire français, tels que les collectivités locales, les acteurs de l’éducation à l’environnement et de la promotion de la santé (GRAINE et IREPS), les ARS et leurs délégations départementales, les opérateurs de lutte, etc. De nombreux outils ont pu être présentés, comme le Manuel de défense contre le moustique tigre créé par Cap Sciences pour les enseignants et élèves du cycle 3 en Nouvelle-Aquitaine : désormais 10 des 12 départements de cette région sont en niveau 1 et les enjeux de sensibilisation des populations sont importants.
I.E-M : C’était en effet très intéressant de pouvoir échanger avec les professionnels et experts, notamment des territoires d’Outre-Mer. Ils sont confrontés depuis des décennies aux moustiques de type Aedes et ont des approches très abouties en matière de prévention. Par exemple, la population est invitée à détruire les gîtes larvaires tout au long de l’année et pas seulement en période de ponte. La vigilance et les messages sont permanents ; la sensibilisation est un travail de longue haleine et leurs retours d’expérience nous sont précieux.
graine-occitanie.org
www.occitanie.ars.sante.fr
grainelr.org/agenda/journee-nationale-de-mutualisation-des-outils-et-dispositifs-de-sensibilisation-au-moustique
www.cap-sciences.net/vous-etes/espace-enseignants
