L’usage des pesticides est interdit depuis le 1er janvier 2019 dans l’espace privé et depuis 2 ans déjà dans les espaces communaux, hors cimetière et stade. Pour les collectivités, il s’agit désormais de faire prendre conscience aux citoyens des richesses potentielles de leur milieu et de faire changer le regard pour une meilleure acceptation des « herbes » en ville. C’est ce que propose Ragnar Weissmann, directeur scientifique de l’association Objectif Santé Environnement.
Lorsque les municipalités ont abandonné l’usage des pesticides dans les espaces publics, les nouvelles méthodes ont provoqué quelques mécontentements de la part des administrés. Finie la traque du moindre brin d’herbe en centre-ville ; la nature reprend ses droits. Cela suppose l’acceptation d’une végétation plus spontanée, de faire disparaître la notion de « mauvaise herbes », de changer les regards et de développer une autre culture du végétal dans la ville. C’est de tout cela qu’il s’agit dans les propositions de Ragnar Weissmann de Objectif Santé Environnement (OSE), dans le cadre d’un appel à projet de la Région Nouvelle-Aquitaine.
« Il ne s’agit pas simplement de parler de zéro phyto (c’est acté) ni de biodiversité (c’est en route) mais de proposer une vraie vision globale. Durant toutes mes interventions, j’explique pourquoi la biodiversité est aujourd’hui incontournable mais pas seulement pour réduire les produits phytosanitaires. Les plantes nous rendent des services, le végétal permet de répondre aux défis de changement climatiques en contribuant par exemple à réduire les îlots de chaleurs urbains ou par les aspects psychologiques (effet du végétal sur le bien-être et la santé) » détaille Ragnar Weissmann.
L’action d’OSE peut prendre différentes formes : conférence ou ciné-débat autour de la santé environnementale et de la gestion différenciée des espaces verts, ateliers de concertation et d’idées pour repenser la ville avec les habitants, … « Dans le cadre de la semaine pour les Alternatives aux pesticides, la Ville de Marcheprime m’a sollicité pour faire partie de son programme d’animation. J’ai proposé une balade urbaine pour s’interroger sur l’herbe de nos trottoirs, une dégustation de produits à base de plantes, un lancer de « bombes » de graine fabrication maison (outil issu de la permaculture pour re-végétaliser les villes). Egalement, nous avons « promené » dans toute la ville des nains de jardins ambassadeurs du zéro pesticide, accompagnés de pancartes pour promouvoir la biodiversité et un environnement favorable à la santé. 50 personnes étaient présentes sur l’ensemble des animations (projection, promenade, dégustation), mais la portée de l’action globale a été plus importante, avec notamment l’exposition des nains équipés des pancartes qui ont déambulé pendant 10 jours dans différents endroits de la ville (un lieu différent tous les jours: bibliothèque, mairie, écoles …) et les Marcheprimais ont été mis au défi de les trouver. Cela fonctionne bien : en faisant de la rue un lieu d’apprentissage et d’échanges, on permet aux citoyens de se réapproprier l’espace public tout en le transformant dans l’intérêt de tous. »
Des outils ont également été créés pour animer ces temps, notamment un Quiz Biodiversité développé spécifiquement dans le cadre de la subvention de la Région. 22 questions divisées en trois catégories : la Biodiversité, les Plantes et les amis du Jardin pour tout public (adultes et enfants) ainsi qu’une exposition autour de nichoirs et abris. Plus d’une quarantaine d’animations ont déjà eu lieu dans les communes ou intercommunalité girondines (Marcheprime, Carignan de Bordeaux, Latresne, Tresses, Salleboeuf, Castelnau-de-Médoc, Moulis en Médoc, Lacanau) et d’autres interventions sont prévues jusqu’à la fin de l’année 2019.