Réseau généraliste de lutte contre les exclusions, la Fédération des Acteurs de la Solidarité Nouvelle-Aquitaine, a coordonné un programme pilote à Limoges dans la Haute-Vienne autour de la petite enfance, destiné aux familles et femmes enceintes en situation de précarité. L’objectif est de former en santé-environnement à la fois les personnes accueillies et les professionnels qui les accompagnent. Rencontre avec Claire Joubert, chargée de mission au sein de la Fédération.
Quel est votre rôle dans ce projet ?
La Fédération des Acteurs de la Solidarité Nouvelle-Aquitaine regroupe 70 adhérents issus de trois secteurs : Accueil Hébergement Insertion (AHI), Centres d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) et des structures d’Insertion par l’activité économique (IAE). Nous avons fait un travail de repérage au sein de ces structures, afin d’identifier des parents d’enfants de 0 à 3 ans, femmes enceintes et également les professionnels qui les accompagnent. Ensuite, avec l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine qui finance ce projet dans le cadre de la stratégie régionale de prévention et promotion de la santé autour de la Petite Enfance, nous avons réfléchi aux contenus des messages à diffuser et à la méthode. Ce projet a abouti à un programme pilote au sein d’un centre de demandeurs d’asile à Limoges.
Quelles ont été les différentes étapes mises en œuvre ?
Une première phase s’est déroulée avec les professionnels et les personnes accompagnées pour affiner ensemble les contenus par rapport à leurs connaissances. Ensuite, nous avons proposé une formation avec différents intervenants : une écotoxicologue de Pollens et Cap Sciences est intervenu sur un atelier alimentation/nutrition. Trois thématiques de prévention ont été abordées : l’hygiène (lessive, produits ménagers, cosmétique), l’environnement intérieur (QAI) et l’alimentation avec les contenants alimentaires et les labels. A l’issue de la formation, nous avons offert une babybox de French Poupon aux participants, une quinzaine de professionnels et bénéficiaires.
Existe-t-il des difficultés particulières à mobiliser ce type de public ?
Nous avions une interprète pour traduire les messages. Les femmes présentes, pour beaucoup originaires d’Afrique du Nord avaient des pratiques plutôt vertueuses avant leur arrivée en France. Par exemple, le savon noir, le vinaigre blanc faisaient partie de leur quotidien. Pour s’intégrer et obtenir la reconnaissance sociale que la publicité leur promet, elles ont commencé à utiliser de l’eau de javel ou d’autres produits que l’on trouve dans les rayons de nos supermarchés. Il faut déconstruire à nouveau des idées reçues et également rendre concrète la notion de santé-environnement, tout en la reliant à leurs contraintes budgétaires. Nous réfléchissons également à la création d’outils adaptés pour faire passer des messages de prévention.
Quelle est la suite ?
L’idée est de déployer ce projet sur chaque territoire mais également de développer la formation des professionnels (éducateurs spécialisés, assistantes sociales), pour avoir un impact plus large. L’idéal serait d’identifier un référent en santé dans chaque structure afin que la prévention puisse perdurer. Le projet à Limoges n’est pas tout à fait terminé, il manque la phase d’évaluation et nous allons lancer à Bordeaux une nouvelle session avec une vingtaine de professionnels uniquement.
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