L’intérêt pour les jardins à visée thérapeutique ne se dément plus. Chacun a sa particularité. Celui d’Oreda, en Haute-Gironde, outre le fait d’être conçu pour stimuler les personnes accompagnées par une association de soins à domicile, a été avant tout imaginé sur un modèle global, comme un écosystème pour permettre une connexion « au vivant ». Ici, Pascal Pennec, jardinier, accueille les bénéficiaires de l’association.
Oreda, c’est le prénom d’une femme qui vivait il y a fort longtemps sur ce terrain d’un hectare, prêté par sa propriétaire, pour devenir le jardin géré par l’Association de Maintien et de Soins A Domicile de la Haute Gironde (AMSADHG). Les 300 salariés de la structure accompagnent 1200 personnes en difficulté (situation de handicap, dépendantes, atteintes de la maladie d’Alzheimer ou autres). Installé depuis 5 ans sur la commune de Cézac près de Blaye en Gironde, le Jardin d’Oréda est à la fois un lieu « où les plantes vivent » et un jardin thérapeutique accueillant des usagers de l’AMSADHG accompagnés ou pas de leurs familles ou de leurs aidants.
L’idée est née d’une volonté du directeur, convaincu des vertus du jardin sur le bien-être, comme une clé de plus dans la « boîte à outils » médico-sociale que proposent les salariés de sa structure. Un fonds de dotation « Les Amis de l’AMSADHG » a été créé en 2012 pour collecter les financements de ce premier projet. L’aménagement de la forêt-jardin a été confié à Pascal Pennec, à la fois éducateur spécialisé, paysan et jardinier, suivant les principes de la permaculture et de l’agroforesterie. Ici, pas de ligne droite, pas d’espace potager délimité, pas d’intrants issus de la pétrochimie, mais l’implantation de variétés locales et rustiques de fruitiers, des associations de légumes, des haies, oiseaux, abeilles, deux serres, bientôt des poules, et un impact environnemental fort et revendiqué.
« 750 personnes, tous publics confondus, ont fréquenté ce jardin 2018 et j’ai animé 200 séances accompagnées, plutôt en individuel, et dans une logique de projet personnalisé. Venir au jardin, c’est se mettre en activité, en éveil, en lien social. Je peux proposer selon le moment ou la saison, les rythmes et les envies de chacun, de simples balades, des ateliers variés, des chantiers collectifs… En ce moment, tous les pruniers sont en fleurs, on peut sentir le réveil de la nature, se rappeler des souvenirs, avoir envie d’en parler, préparer les cultures de printemps… Il n’y a pas de schéma d’accompagnement arrêté mais une chose est certaine, ce temps exclusif que l’on accorde aux personnes est la meilleure des thérapies ! Les tensions s’apaisent, les épaules se relâchent, le langage devient plus structuré, on touche les personnes de manière profonde. C’est difficile à traduire par des mots mais l’apaisement est réel. Le jardin rééquilibre, réoriente, et redonne des forces » analyse Pascal Pennec. Et pour faciliter ce sentiment d’harmonie, des aménagements ont été mis en place pour tenir compte des difficultés de chacun : un chemin de déambulation, des bancs pour se reposer, un jardin des sens, des goûts, des odeurs, des ateliers de repiquage, de la récolte, un travail sur la mémoire. Autant de supports avec un impact sur la santé des bénéficiaires du jardin. « Nous avons également en projet la construction d’un bâtiment en bois pour accueillir les aidants et leurs proches et développer d’autres types d’activité », précise Pascal Pennec. Par ailleurs, le jardin est de plus en plus sollicité pour recevoir des écoles, des étudiants, des événements artistiques ou culturels (par exemple, en septembre 2018 « L’instant nomade » événement organisé par la Communauté de Communes Latitude Nord Gironde pour rendre la culture accessible aux publics qui en sont classiquement éloignés tels que les personnes âgées et les personnes en situation de handicap). « Nous ouvrons peu à peu le jardin aux différentes demandes ».