Dans le cadre de ses séances plénières, l’Observatoire Régional Santé-Environnement (ORSE) Nouvelle-Aquitaine a proposé en décembre 2018 à Poitiers une séance portant sur le changement climatique et la santé. Un thème brûlant d’actualité, qui a permis d’échanger sur les avancées des travaux régionaux mais aussi d’aborder des sujets plus spécifiques comme la lutte anti vectorielle, les pollens ou bien encore les liens entre urbanisme et santé-environnement.
Stress thermiques, allergies, infections bactériennes ou virales, multiples sont les pathologies susceptibles d’évoluer ou d’émerger avec le changement climatique. Pour les participants conviés à cette séance (collectivités, services de l’Etat, organismes de recherche, instances participatives, ou encore associations de défense des usagers), c’était l’occasion, pour rentrer dans le vif du sujet, de voir présenté le deuxième rapport Acclimaterra. En clair, un réchauffement de 2°C est inéluctable, et pour la Nouvelle-Aquitaine, cette augmentation serait de 2.5°C. Il s’agit donc désormais de s’adapter à ce changement et aux menaces sanitaires qui en résultent. Une deuxième partie a en effet présenté les effets du changement climatique sur la santé, qui peuvent être directs, liés à des évènements extrêmes – canicules, vagues de grand froid, sécheresse, inondation, – ou indirects, liés à l’altération de la qualité des milieux, ou en modifiant la distribution des vecteurs de maladies tels que le moustique tigre. Pour faire face au changement climatique, Virginie Migeot, de l’Université de Poitiers a évoqué des mesures de prévention, qui consistent soit à atténuer le changement climatique soit à s’adapter pour en diminuer l’impact (ex.: plan canicule…).
Quatre experts sont ensuite venus exposer les constats et actions qui peuvent réduire ces effets. Nathalie Delaunay d’Atmo Nouvelle-Aquitaine a souligné les interactions de la hausse des températures avec la survenue de pollen. Celui-ci joue sur la précocité et l’allongement de la saison pollinique mais aussi sur la quantité de pollens et leur pouvoir allergénique. Charles Tizon de l’entreprise Altopictus, a lui aussi souligné les modifications de risques par rapport au moustique tigre, qui pique davantage lorsqu’il fait chaud ou encore la perturbation de la diapause (arrêt temporaire de l’activité pendant l’hiver), tout en précisant qu’en cas d’épidémies, des solutions existent tel que le piégeage, les espèces stériles ou les vaccins. Christine Castor de la CIRE Nouvelle-Aquitaine a exposé les facteurs de risques pour des transmissions autochtones en région, dans le cas d’importation via un voyageur virémique couplée à une présence de vecteur comme le moustique tigre. En conclusion de ces interventions, Albert Lévy (CNRS) a expliqué les grands principes des liens entre urbanisme, changement climatique et santé, et a énoncé deux stratégies pour faire face à ce changement climatique en zone urbaine : premièrement l’atténuation des émissions dans le cadre de la transition énergétique à l’échelle internationale et deuxièmement l’adaptation dans le cadre du développement d’éco-urbanisme bioclimatique et de villes « post-carbone ». Dans tous les cas, cette séance plénière montre qu’appréhender la relation climat-santé nécessite une démarche intégrant différentes disciplines.