Pratiquer un urbanisme favorable à la santé : une priorité de l’AUDAP

Hélène Larralde, géographe au sein de l’AUDAP © AUDAP
L’infusion du thème de la santé dans les documents de planification est l’un des objectifs ciblés par l’Agence d’urbanisme Atlantique et Pyrénées dans son projet 2020-2025. L’AUDAP a décidé de placer la santé et le bien-être des habitants au cœur des politiques publiques, dans une démarche transversale. Portrait d’une agence innovante avec Marc Trinqué, directeur de projet et Hélène Larralde, géographe.
L’Agence d’Urbanisme Atlantique et Pyrénées a été créée en 1998 sous l’impulsion de l’Etat, du Département des Pyrénées-Atlantiques et de la Communauté d’agglomération Côte basque-Adour. « Nous comptons aujourd’hui un panel de membres assez large, dont les EPCI* Etablissement Public de Coopération Intercommunale , les syndicats de transport, l’hôpital de Pau… Notre mission est d’éclairer les actions opérationnelles de notre territoire et nous travaillons de plus en plus de manière transversale pour connecter les différentes dynamiques (urbanisme, mobilité, transition énergétique…). Nous avons la chance d’avoir une équipe solide de 35 salariés avec des compétences pluridisciplinaires de très haut niveau (urbanistes, architectes, géographes, économistes, paysagistes, environnementalistes, statisticiens). Un partenariat avec l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine a été récemment ouvert. Notre premier « Lab’ Forum » en 2019, un format innovant de laboratoire collectif, a été orienté sur la santé et l’urbanisme », explique Marc Trinqué. Cette première expérience a été d’autant plus concluante qu’elle a trouvé des traductions directes dans le programme d’activités confié à l’ AUDAP* Agence d’urbanisme Atlantique et Pyrénées par ses membres. « Cette collaboration a déclenché une volonté de travail partagé et de nombreuses perspectives de partenariats, dans le cadre de l’élaboration des politiques publiques ou de projets urbains. Quatre projets en lien avec la santé environnementale sont en cours » se réjouit-il.
Une EIS* Une Evaluation d’Impact sur la Santé est un outil promu par l’Organisation Mondiale de la Santé qui permet d’évaluer les effets négatifs et positifs des politiques publiques sur la santé. sur un parcours pédestre
La communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées a souhaité soumettre l’un de ses itinéraires de parcours pédestre à une Evaluation d’Impact sur la Santé, confiée à l’AUDAP. Cette évaluation permettra de vérifier si le projet, au-delà de ses objectifs, offrira des garanties pour le bien être des habitants : îlot de fraîcheur, sentiment de sécurité, absence de nuisances ou de conflit d’usage… «Cette EIS va impliquer des services techniques, des élus, des habitants, des professionnels, ce qui implique un décloisonnement des expertises et des services,» souligne Hélène Larralde.
Un CLS* Contrat Local de Santé accompagné par des urbanistes
« Nous avons été intégrés à la préparation et au diagnostic du futur Contrat Local de Santé Côte Basque, aux côtés de l’ ARS* Agence Régionale de Santé , de l’Observatoire Régional de santé Nouvelle-Aquitaine et de l’Instance Régionale d’Education et de Promotion de la Santé Nouvelle-Aquitaine. Nous apportons à ce triptyque santé-aménagement-environnement un regard spécialisé, par l’apport notamment d’analyses statistiques et spatiales. C’est l’occasion d’être force de proposition sur différentes thématiques comme les ICU* Ilot de chaleur urbain * Ilot de Chaleur Urbain , la précarité énergétique, l´aménagement d´espaces de socialisation, les jardins familiaux ou encore les mobilités actives » détaille Hélène Larralde.
Une journée pédagogique pour acculturer les collectivités
L’AUDAP prévoit en juin 2021 une matinée de sensibilisation regroupant collectivités, acteurs de la ville et acteurs de la santé en lien avec l’ARS et l’ IREPS* Instance Régionale d’Education et de Promotion de la Santé . Cette demi-journée souhaite interroger la notion d’urbanisme favorable à la santé, avec la présentation d’outils comme l’EIS. « Cette façon de considérer les projets, ainsi que les éléments de preuve des liens entre urbanisme et santé doivent être partagés par un maximum d’acteurs du territoire. Pour mettre en œuvre cette acculturation, ce corpus de connaissances partagées, il est nécessaire d’encourager les temps d’échange en favorisant les rencontres, les réseaux, les formations et toutes formes de dispositifs multi-partenariaux, » précise Marc Trinqué.
Un PLUi favorable à la santé
En 2020, en cohérence avec la mesure 8.2 du
PRSE*
Plan Régional Santé Environnement
Nouvelle-Aquitaine, la
DREAL*
Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement
Nouvelle-Aquitaine a confié à l’Agence d’urbanisme Atlantique et Pyrénées la mission d’expérimenter l’intégration de la santé-environnement dans le Plan Local d’Urbanisme intercommunal, dans le cadre de démarches locales en Pays Basque et en Béarn. Si le
PLU*
Plan Local d'Urbanisme
-i est un document de planification locale qui détermine les conditions d’aménagement et d’utilisation des sols, il doit aussi incarner un projet de territoire et se donner des objectifs d’amélioration du cadre de vie.
« Historiquement, les agences d’urbanismes se sont toujours préoccupées de la santé, notamment via la question de l’environnement. De nombreuses mesures du code de l’urbanisme reposent sur des questions de santé comme l’a montré le guide de l’A’Urba. Cette trajectoire existait mais aujourd’hui, il y a un véritable coup d’accélérateur sur le sujet. Nous sommes là pour faciliter leur compréhension, leur mise en application, des modes de coopération et d’action qui restent pour une large part à inventer. Nous avons un réseau important, et nous essayons d’infuser cette démarche en nous servant des plans (SCoT,
PDH*
Plan Départemental de l'Habitat
, PLUi…) » précise Hélène Larralde.
Vous souhaitez en savoir plus sur cette thématique ?
Consultez le site Agir-ese.org, des ressources pour agir en Éducation et promotion de la Santé-Environnement.