Estelle Alquier, formée à l’hortithérapie, est conceptrice paysagiste de jardins thérapeutiques dans le département des Landes. Elle y a créé une association qui gère les « Jardins de l’humanité », jardins botaniques à visée pédagogique et thérapeutique. Elle forme également le personnel médical et encadrant à la pratique du jardinage comme un bénéfice pour les patients.
Qu’est-ce que l’hortithérapie ?
C’est l’utilisation d’une pratique de jardinage ou d’un jardin comme outil d’accompagnement thérapeutique. L’hortithérapie s’intéresse à la fréquentation régulière d’un jardin stimulant tous les sens et à l’action physique et psychique du jardinage. Cela peut s’adresser à tout type de public : handicapés moteurs, sensoriels, mentaux, autres troubles du comportement, personnes atteintes de troubles de la dégénérescence et personnes âgées. J’ai, pour ma part, suivi une formation en hortithérapie dispensée à l’université de psychologie du Mirail à Toulouse, même si cette discipline n’est pas vraiment reconnue partout en France.
Quelles sont les bénéfices de jardins à visée thérapeutique ?
L’hortithérapie s’inscrit dans une démarche d’aide au processus de soin ou de guérison, une démarche du « prendre soin », avec l’aspect bien-être et l’aspect santé. Les bienfaits vont dépendre de la pathologie. On peut travailler le développement cognitif, le maintien de la pulsion de vie, les fonctions motrices, des interactions sociales (valorisation et estime de soi), la stimulation des 5 sens, l’amélioration du sommeil et de l’appétit, une baisse du stress et de l’anxiété. Mais les bienfaits portent leurs fruits également sur le personnel encadrant, en luttant contre le syndrome d’épuisement professionnel.
Comment se déroule un accompagnement, concrètement ?
On travaille par étapes : l’un des éléments essentiels est l’adhésion d’une équipe au projet. Nous travaillons ensemble à partir des besoins et attentes du public. Après cette phase de concertation, je procède à l’état des lieux extérieur et des moyens humains mis au service du projet, avant de présenter l’avant projet aux équipes et aux familles. Depuis 2011, je travaille sur différents jardins avec des budgets allant de 5 000 à 35 000 euros. J’oriente également les directeurs des établissements médico-sociaux vers des partenaires potentiels, des fondations…
Vous formez également les personnels soignants…
Oui, c’est une formation dispensée par mon association Terres océanes, cultures d’humanité en trois modules : état des connaissances en matière de jardins thérapeutiques, méthodologie d’évaluation et suivi des patients, pratiques en hortithérapie. Je m’appuie sur le jardin que j’ai créé à Saint-Vincent-de-Tyrosse comme support de formation.