Comment changer les pratiques et trouver des substituts aux substances chimiques toxiques, notamment les perturbateurs endocriniens, présents dans le milieu de la petite enfance ? La ville de Poitiers (86) a choisi d’acculturer les assistantes maternelles de ses deux crèches familiales (Structures d’accueil dans lesquelles les enfants sont accueillis au domicile d’assistantes maternelles et partagent des temps collectifs dans les locaux de la crèche) à travers un programme dédié dans le cadre de son Contrat Local de Santé. Le bilan est élogieux tant en terme de motivation que de changement de pratique. Explication avec Aude Thomet, chargée de mission au pôle santé du Centre Communal d’Action Sociale de Poitiers.
En quelques chiffres, quel est le bilan ?
Sur nos 25 agents formés, 92% déclarent avoir changé leurs habitudes suite à cette action de formation. Les principaux gestes ont été acquis : réduction de produits ménagers, cosmétiques, à l’achat ; focus sur les étiquettes, pictogrammes et labels ; utilisation des applications numériques (yucca, quelscosmetics, quelsproduits…) ; utilisation de produits naturels (vinaigre, savon noir, bicarbonate, savon de Marseille) ; entretien à la vapeur, lavage à l’eau à la micro fibre ou lingette lavable, fabrication maison de produits ménagers et cosmétiques ; achat de produit sans parfum, changement de vaisselle par du verre, bois et inox ; fabrication de bee-wrap ; demande aux parents d’utiliser des biberons en verre…
Quelles ont été les étapes du programme ?
Pour ce programme, je me suis inspiré de la démarche Safe-Li qui était en cours sur une crèche de Châtellerault. De décembre 2019 à mars 2021, chaque assistante maternelle a bénéficié de 4 ateliers en petit groupe. 52 ateliers de 45 minutes ont été proposés en tout sur 4 thèmes différents : nettoyer sans polluer, changer sans perturber, mieux dans son assiette, et jouer tout simplement. L’ensemble des thématiques santé-environnement lié à la petite enfance a été abordé. Nous avons également proposé 2 réunions collectives pour partager ensemble les avancées et freins de chacune. La santé-environnement est un levier très positif pour dynamiser les équipes. Un des premiers points, c’est l’adhésion, et les réunions collectives sont un atout majeur. Nous avons également proposé un atelier d’une demi-journée pour faire le tri dans les produits de loisirs créatifs et nous avons créé une liste de produits loisirs créatifs « sains » dans nos marchés. En fin de programme, un livret a été remis à chaque participante, qui reprend l’ensemble des éléments.
Quelle est la suite ?
Continuer à essaimer sur notre territoire ! L’idée est maintenant de diffuser cette démarche à grande échelle, dans les écoles notamment. Les dispositifs de coordination et projets portés via le Contrat Local de Santé permettent de travailler la santé de manière transversale au sein des différentes directions de la collectivité et avec les partenaires du territoire. La question des marchés publics est importante et nous travaillons en ce sens. Un premier comité a été créé avec les porteurs du PRSE NA, soit l’ARS NA, la DREAL NA et la Région NA avec le pôle accompagnement santé et de la direction Hygiène publique – Qualité environnementale. Cela pourrait permettre une validation des orientations locales en santé environnementale et la valorisation des actions et projets locaux en santé-environnement.